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La Wallonie tire son plan. Regards croisés sur la gouvernance par les plans et les chiffres

publié par Institut Wallon de l'évaluation, de la Prospective et de la Statistique (IWEPS) le 10 juillet 2023

Dynamiques régionales n°15

Ce numéro de Dynamiques Régionales est issu de la 11e Conférence annuelle de l’IWEPS qui s’est tenue en novembre 2021 et qui était consacrée à la mise en perspective critique des plans comme instruments de politique publique.

L’objectif de ce numéro est dès lors d’explorer la transformation de notre fabrique de la politique en interrogeant ces objets complexes que sont les plans et leur écosystème composé d’indicateurs, de benchmarks, de standardisation et de statistiques.

Bernard Conter et Jean-François Orianne soutiennent la thèse selon laquelle les plans ont pour fonction de garantir l’autonomie du système politique. Dans une première section, ils nous rappellent quelques faits et enseignements historiques de la planification dans les sociétés démocratiques. Trois grandes fonctions du Plan sont principalement décrites : la simplification du réel, la production de normes et la socialisation des acteurs. Ils soulignent aussi le changement de référentiel qui a accompagné la fin de la planification et qui a conduit à une vision fragmentée de la société, permettant la multiplication de plans de coordination politique sectoriels ou territoriaux qui sont analysés comme autant d’instruments de politique publique.

Catherine Fallon décortique le processus de fabrication du plan Get up Wallonia ! et son inscription dans une Wallonie post-crise sanitaire. Elle nous montre que ce plan se caractérise, comme les plans précédents, par une volonté politique de mobilisation des acteurs du territoire. Mobilisation qui n’est possible qu’avec la production d’un narratif fort soutenu par un complexe processus d’implication des acteurs, processus dans lequel l’intégration des interlocuteurs sociaux a connu quelques difficultés. Catherine Fallon analyse également le rôle du Conseil stratégique, cette instance composée d’académiques qui est intervenue au niveau stratégique dans le processus de confection du plan.

Corine Eyraud, quant à elle, mobilise la sociologie de la quantification pour mettre en perspective ce lien fondamental entre démocratie, citoyenneté et statistiques officielles. Elle nous montre à quel point les statistiques publiques peuvent avoir des effets sociaux, économiques, politiques et environnementaux extrêmement importants. Elles ne permettent pas seulement de mettre en exergue et d’illustrer des questions ou phénomènes jugés d’intérêt, mais elles permettent également d’orienter l’action et de façonner les politiques publiques.

Enfin, Magali Ballatore, s’attaquant à cette politique publique centrale qu’est l’enseignement, étudie la manière dont l’utilisation des benchmarks et des statistiques comparatives influence la diffusion de discours normatifs en la matière au niveau européen. Le programme Erasmus est sans doute le plus connu de ces dispositifs de politique publique visant à promouvoir une politique éducative européenne à la fois d’inspiration néolibérale, favorisant une approche « adéquationniste », et d’inspiration social-démocrate, faisant de la cohésion sociale une mission centrale des institutions publiques.

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